Depuis mon arrivée en Malaisie, j’entends beaucoup de choses sur l’huile de palme, et j’ai voulu me faire ma propre opinion en me documentant. Voici le « fruit » de mes recherches, en tentant de vulgariser à ma façon les résultats de recherches scientifiques !
Sources : Institut Pasteur - WWF - Audrey
Cyr, nutritionniste
1) Qu’est-ce que l’huile de palme ?
a) Une huile végétale
L'huile de palme est obtenue à
partir du fruit du palmier à huile. Elle est extraite de la chair du fruit
tandis que l’huile de palmiste provient du broyage du noyau de ce fruit. L'huile
de palme est apparue en 2001 sur le marché européen. Auparavant, on la vendait
dans les magasins spécialisés.
Le fruit |
Le noyau |
b) Les lieux
de production
Le palmier à
huile est cultivé dans les zones tropicales humides. La production est
majoritairement assurée par deux pays, l’Indonésie et la Malaisie, qui
totalisent 87 % des approvisionnements. L’Europe consomme 12% de la production
mondiale d’huile de palme. Ce sont les pays de l’Asie qui sont les plus grands
consommateurs de cette huile.
c) Où
trouve-t-on l’huile de palme ?
Cette huile
est principalement utilisée dans le domaine agro-alimentaire (80%). On la
retrouve notamment dans les biscuits, gâteaux, viennoiseries, pâtes à tarte,
panures, plats cuisinés, frites, beignets, céréales, barres chocolatées
ainsi que les pâtes à tartiner aux noisettes (vous voyez ?)
d) Ses
propriétés chimiques
L'huile de palme
résiste bien à la cuisson et est semi-solide à température ambiante. C'est
cette caractéristique qui offrirait au Nutella, dont la recette contient de
l'huile de palme depuis une quarantaine d'années, son onctuosité. De plus, elle
offre une très bonne résistance à l’oxydation (= ne rancit pas rapidement).
e) Les
règles d’étiquetage
Au Canada,
si un produit contient de l’huile végétale et que cette huile est une huile de
noix de coco, de palme, de palmiste ou d'arachide ou du beurre de cacao, elle doit
être désignée dans la liste d'ingrédients par son nom usuel. Le terme générique
« huile végétale » n'est pas acceptable.
En France,
les règlements concernant l’étiquetage alimentaire des huiles de palme sont en
train de changer. Effectivement, la déclaration nutritionnelle de l’huile de
palme sera obligatoire sur les denrées alimentaires préemballées à compter de
décembre 2016. D’ici là, l’huile de palme peut être désignée sur la liste
d’ingrédients comme huile, graisse, ou matière grasse végétale.
2) Quels sont ses atouts ?
a) Ses
propriétés nutritionnelles
Rien à
dire sur les gras « trans » car l’huile de palme n’en contient
pas ! Or les gras trans ont eu une très mauvaise cote ces dernières
années car il a été démontré que non seulement ceux-ci augmentaient les niveaux
de cholestérol LDL (« mauvais » cholestérol) mais ils diminuent également les
taux de cholestérol HDL (« bon » cholestérol), bénéfique à la santé
cardiovasculaire. La plupart des gras trans sont créés artificiellement
par hydrogénation en industrie. L’huile partiellement hydrogénée était utilisée
dans de nombreux produits transformés depuis des décennies. L’étiquetage
obligatoire des gras trans dans les produits alimentaires a incité plusieurs
industries alimentaires à modifier les corps gras utilisés dans leurs recettes.
C’est à ce moment que l’huile de palme est devenue populaire. En effet, l’huile
de palme contient moins de gras saturés que le beurre et aucun gras trans.
b) Ses
rendements de production
L’huile de palme possède les coûts de production les moins élevés des
huiles végétales. En effet, un palmier à huile produit environ 40 kg d'huile
par an, pour une durée de vie de trente ans. La production demande ainsi moins
de surface que d'autres huiles, telle que celle issue du soja. Du fait de son
rendement, son prix est également inférieur à celui d'autres huiles végétales.
3) Quels sont ses inconvénients ?
a) Ses
propriétés nutritionnelles
Attention aux
acides gras saturés ! Cette huile en contient beaucoup. On sait depuis de
nombreuses années que les gras saturés ou « mauvais gras » augmentent les taux
de cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol) qui représente un
facteur de risque de maladies cardiovasculaires.
b) Les impacts écologiques
Face à une
hausse très importante de la consommation depuis une vingtaine d'années, les
pays producteurs ont augmenté les espaces dédiés à la culture du palmier à
huile. Cette culture est accompagnée d’une déforestation intense ayant des
conséquences majeures sur le climat (production de CO2 provoquée par les feux
de forêts) et sur la biodiversité (diminution des populations d’orang-outans),
et sur la « respirabilité » de l’air (haze).
D'après WWF, l’équivalent
d’un tiers de l’Allemagne est désormais couvert de palmiers à huile. L’ONG précise
qu'au total, 90% des forêts d'Indonésie, où un million d'hectares disparaît
chaque année, de Malaisie, de Bornéo et de Sumatra ont été décimées.
Toujours selon WWF, un palmier à
huile est nécessaire pour couvrir la consommation annuelle d'une famille
française.
4) Alors ?
a) Bilan
Il n’y a
aucun doute que la consommation d’huile de palme contribue aux apports en
acides gras saturés et qu’une consommation excessive de gras saturés a été
associée par le passé à l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.
Cependant, une étude récente a démontré qu’il n’y avait pas d’évidence
significative pour conclure que les acides gras saturés étaient associés à un
risque cardiovasculaire augmenté.
D'un point
de vue nutritionnel, l'huile de palme est une alternative raisonnable à l’huile
végétale partiellement hydrogénée contenant des acides gras trans.
C’est lorsque le style alimentaire est
de type Western-Diet (c'est à dire calorique, très lipidique et très riche en
graisses animales, en sucres raffinés, en cholestérol), que l'apport d'huile de
palme est le moins favorable.
En revanche, dans le cas d'une
alimentation plus équilibrée, l'huile de palme a des effets sur les paramètres
lipidiques (cholestérol total, HDL et LDL...) assez proches de ceux de l'huile
d'olive ou de l'huile d'arachide.
=> Bref, à consommer, car la variété
est toujours à préférer, mais avec modération !
b) Solutions pour sauver les
forêts : vers une huile certifiée durable ?
De plus en plus d’entreprises
travaillent avec des associations comme GreenPeace pour mettre en place des
systèmes de cultures durables tant sur le plan environnemental que social,
selon des critères stricts. Il existe maintenant des organismes tels que Table
ronde sur l’huile de palme durable (RSPO) qui permettent à des entreprises
d’obtenir une certification (CSPO) répondant à différents critères de
développement durable. Des compagnies comme Nestlé utilisent des huiles de
palme certifiées à 100% depuis 2013. La compagnie Unilever en a fait de
même et s’engage à s’approvisionner en matières première agricoles issues de
l’agriculture durable dont l’huile de palme à 100% d’ici 2020. Actuellement,
20% de la production mondiale est certifiée. Reste à viser « zéro
déforestation » comme l’exige GreenPeace.
c) Finalement, pourquoi une telle
stigmatisation ?
Propos empruntés à Jean-Michel Lecerf, chef du
Service de Nutrition de l'Institut Pasteur de Lille.
« Il n'y a pas lieu de
diaboliser l'huile de palme, elle a des qualités, des défauts, des avantages, des
usages. La connaissance nutritionnelle évolue. Les idées anciennes doivent être
régulièrement révisées.
Peut-être y a t-il derrière certains
discours des aspects politiques (protectionnisme par rapport à d'autres sources
d'huile), des aspects économiques (souhait de taxer les aliments riches en
graisses saturées) ou encore des aspects écologiques (le problème de la
déforestation dans les zones de palmier à huile, mais l'on pourrait peut-être
en dire autant des zones de culture du soja ou encore des problèmes d'usage de
l'eau avec la culture du maïs). Il peut également s'agir de motivations
purement commerciales et marketing de la part de certaines enseignes de
distribution qui ont voulu se démarquer des autres. »
Dernière remarque : ici les gens sont particulièrement minces malgré une alimentation riches en produits frits. Comme quoi on peut consommer de l'huile de palme et garder la ligne !
Merci pour cet exposé très intéressant
RépondreSupprimerRimbou