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jeudi 8 octobre 2015

L'huile de palme : poison ou non ?



Depuis mon arrivée en Malaisie, j’entends beaucoup de choses sur l’huile de palme, et j’ai voulu me faire ma propre opinion en me documentant. Voici le « fruit » de mes recherches, en tentant de vulgariser à ma façon les résultats de recherches scientifiques !


Sources : Institut Pasteur  - WWF -  Audrey Cyr, nutritionniste


              1)      Qu’est-ce que l’huile de palme ?

a) Une huile végétale


L'huile de palme est obtenue à partir du fruit du palmier à huile. Elle est extraite de la chair du fruit tandis que l’huile de palmiste provient du broyage du noyau de ce fruit. L'huile de palme est apparue en 2001 sur le marché européen. Auparavant, on la vendait dans les magasins spécialisés. 

Le fruit
Le noyau

b) Les lieux de  production

Le palmier à huile est cultivé dans les zones tropicales humides. La production est majoritairement assurée par deux pays, l’Indonésie et la Malaisie, qui totalisent 87 % des approvisionnements. L’Europe consomme 12% de la production mondiale d’huile de palme. Ce sont les pays de l’Asie qui sont les plus grands consommateurs de cette huile.
 

c) Où trouve-t-on l’huile de palme ? 

Cette huile est principalement utilisée dans le domaine agro-alimentaire (80%). On la retrouve notamment dans les biscuits, gâteaux, viennoiseries, pâtes à tarte, panures, plats cuisinés, frites, beignets, céréales, barres chocolatées ainsi que les pâtes à tartiner aux noisettes (vous voyez ?)



d) Ses propriétés chimiques

L'huile de palme résiste bien à la cuisson et est semi-solide à température ambiante. C'est cette caractéristique qui offrirait au Nutella, dont la recette contient de l'huile de palme depuis une quarantaine d'années, son onctuosité. De plus, elle offre une très bonne résistance à l’oxydation (= ne rancit pas rapidement).


e) Les règles d’étiquetage

Au Canada, si un produit contient de l’huile végétale et que cette huile est une huile de noix de coco, de palme, de palmiste ou d'arachide ou du beurre de cacao, elle doit être désignée dans la liste d'ingrédients par son nom usuel. Le terme générique « huile végétale » n'est pas acceptable.

En France, les règlements concernant l’étiquetage alimentaire des huiles de palme sont en train de changer. Effectivement, la déclaration nutritionnelle de l’huile de palme sera obligatoire sur les denrées alimentaires préemballées à compter de décembre 2016. D’ici là,  l’huile de palme peut être désignée sur la liste d’ingrédients comme huile, graisse, ou matière grasse végétale.



              2)      Quels sont ses atouts ?


a) Ses propriétés nutritionnelles

Rien à dire sur les gras « trans » car l’huile de palme n’en contient pas ! Or les gras trans ont eu une très mauvaise cote ces dernières années car il a été démontré que non seulement ceux-ci augmentaient les niveaux de cholestérol LDL (« mauvais » cholestérol) mais ils diminuent également les taux de cholestérol HDL (« bon » cholestérol), bénéfique à la santé cardiovasculaire. La plupart des gras trans sont créés artificiellement par hydrogénation en industrie. L’huile partiellement hydrogénée était utilisée dans de nombreux produits transformés depuis des décennies. L’étiquetage obligatoire des gras trans dans les produits alimentaires a incité plusieurs industries alimentaires à modifier les corps gras utilisés dans leurs recettes. C’est à ce moment que l’huile de palme est devenue populaire. En effet, l’huile de palme contient moins de gras saturés que le beurre et aucun gras trans


b) Ses rendements de production

L’huile de palme possède les coûts de production les moins élevés des huiles végétales. En effet, un palmier à huile produit environ 40 kg d'huile par an, pour une durée de vie de trente ans. La production demande ainsi moins de surface que d'autres huiles, telle que celle issue du soja. Du fait de son rendement, son prix est également inférieur à celui d'autres huiles végétales.


         3)      Quels sont ses inconvénients ?



a) Ses propriétés nutritionnelles

Attention aux acides gras saturés ! Cette huile en contient beaucoup. On sait depuis de nombreuses années que les gras saturés ou « mauvais gras » augmentent les taux de cholestérol LDL (le « mauvais » cholestérol) qui représente un facteur de risque de maladies cardiovasculaires.


b) Les impacts écologiques

Face à une hausse très importante de la consommation depuis une vingtaine d'années, les pays producteurs ont augmenté les espaces dédiés à la culture du palmier à huile. Cette culture est accompagnée d’une déforestation intense ayant des conséquences majeures sur le climat (production de CO2 provoquée par les feux de forêts) et sur la biodiversité (diminution des populations d’orang-outans), et sur la « respirabilité » de l’air (haze).
D'après WWF, l’équivalent d’un tiers de l’Allemagne est désormais couvert de palmiers à huile. L’ONG précise qu'au total, 90% des forêts d'Indonésie, où un million d'hectares disparaît chaque année, de Malaisie, de Bornéo et de Sumatra ont été décimées.
Toujours selon WWF, un palmier à huile est nécessaire pour couvrir la consommation annuelle d'une famille française.




     4)           Alors ?


a) Bilan

Il n’y a aucun doute que la consommation d’huile de palme contribue aux apports en acides gras saturés et qu’une consommation excessive de gras saturés a été associée par le passé à l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. Cependant, une étude récente a démontré qu’il n’y avait pas d’évidence significative pour conclure que les acides gras saturés étaient associés à un risque cardiovasculaire augmenté.
D'un point de vue nutritionnel, l'huile de palme est une alternative raisonnable à l’huile végétale partiellement hydrogénée contenant des acides gras trans.
C’est lorsque le style alimentaire est de type Western-Diet (c'est à dire calorique, très lipidique et très riche en graisses animales, en sucres raffinés, en cholestérol), que l'apport d'huile de palme est le moins favorable.
En revanche, dans le cas d'une alimentation plus équilibrée, l'huile de palme a des effets sur les paramètres lipidiques (cholestérol total, HDL et LDL...) assez proches de ceux de l'huile d'olive ou de l'huile d'arachide. 

=> Bref, à consommer, car la variété est toujours à préférer, mais avec modération !



b) Solutions pour sauver les forêts : vers une huile certifiée durable ?

De plus en plus d’entreprises travaillent avec des associations comme GreenPeace pour mettre en place des systèmes de cultures durables tant sur le plan environnemental que social, selon des critères stricts. Il existe maintenant des organismes tels que Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO) qui permettent à des entreprises d’obtenir une certification (CSPO) répondant à différents critères de développement durable. Des compagnies comme Nestlé utilisent des huiles de palme certifiées  à 100% depuis 2013. La compagnie Unilever en a fait de même et s’engage à s’approvisionner en matières première agricoles issues de l’agriculture durable dont l’huile de palme à 100% d’ici 2020. Actuellement, 20% de la production mondiale est certifiée. Reste à viser « zéro déforestation » comme l’exige GreenPeace.




c) Finalement, pourquoi une telle stigmatisation ?

Propos empruntés à Jean-Michel Lecerf, chef du Service de Nutrition de l'Institut Pasteur de Lille.  

« Il n'y a pas lieu de diaboliser l'huile de palme, elle a des qualités, des défauts, des avantages, des usages. La connaissance nutritionnelle évolue. Les idées anciennes doivent être régulièrement révisées.

Peut-être y a t-il derrière certains discours des aspects politiques (protectionnisme par rapport à d'autres sources d'huile), des aspects économiques (souhait de taxer les aliments riches en graisses saturées) ou encore des aspects écologiques (le problème de la déforestation dans les zones de palmier à huile, mais l'on pourrait peut-être en dire autant des zones de culture du soja ou encore des problèmes d'usage de l'eau avec la culture du maïs). Il peut également s'agir de motivations purement commerciales et marketing de la part de certaines enseignes de distribution qui ont voulu se démarquer des autres. »
 

Dernière remarque : ici les gens sont particulièrement minces malgré une alimentation riches en produits frits. Comme quoi on peut consommer de l'huile de palme et garder la ligne !

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