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samedi 18 mars 2017

Thaipusam : âmes sensibles s'abstenir !



Jeudi 9 février, je suis allée assister avec 3 amies à la grande fête indienne de Thaïpusam.


Départ 5h30 de la maison, pour arriver aux Batu Caves à 7h30, après 1h30 de métro.

Après avoir passé 3h sur place, nous sortons charmées et estomaquées de cette expérience.


Quelques explications :

Thaipusam (tamoul : தைப்பூசம்) est une fête hindoue célébrée principalement par la communauté tamoule lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai (janvier-février). Le mot Thai pusam vient du nom du mois, Thai et de pusam, qui se réfère à une étoile qui est à son point le plus haut pendant cette fête. Celle-ci s’étale sur 3 jours et commémore à la fois la naissance de Murugan, le plus jeune fils du dieu Shiva et de sa femme Parvati, ainsi que l'occasion au cours de laquelle Parvati donna à Murugan une lance, pour qu'il puisse vaincre le démon Surapadman.


Traditionnellement, les participants sont vêtus de jaune et portent des colliers de fleurs de la même couleur. La procession jusqu’aux Batu Caves est le plus grand rassemblement au monde de Thaipusam (hors ceux qui ont lieu en Inde), avec plus de 1,6 millions de personnes.








Le 1er jour est celui de la procession dans les rues de KL, menée par un char portant la statue dorée de Murugan.  


Le 2ème jour, c’est la longue marche (15 km), pieds nus, jusqu’aux Batu Caves, sorte de chemin de croix le long duquel des marchands ambulants vous proposent friandises bourrées de miel et de sucre, fripes, CD, bijoux et décorations kitsch. Les pénitents partent du temple central de KL dans la nuit. Nous les attendions à la fin de leur "chemin de croix", au lever du soleil.








Le 3ème jour, les pélerins regagnent le temple central de KL d’où ils étaient partis.


Au cours de ce pèlerinage, certains fidèles portent sur leur tête de larges pots métalliques remplis de lait, ou transportent des châssis fleuris et colorés, les « kavadis » (jusqu’à 100 kg), qui sont maintenus sur le pénitent par des longues tiges métalliques directement fichées sur le corps. 








Les traditions de piercing ont la part belle dans le spectacle. En effet, certains s’enfoncent une flèche à travers la bouche, en se perçant successivement la joue, la langue puis l’autre joue. Ils peuvent également opter pour le « dos fruité », véritable punch ambulant, l’alcool en moins : leur dos est couvert de crochets métalliques (sortes de gros hameçons), au bout desquels sont suspendus citrons, pommes, bouquets d’herbes aromatiques, ou qui servent à tirer un kavadi ! Rassurez-vous, ils se débrouillent très bien : pas une goutte de sang ne coule ! Les personnes chargées de cette « préparation » doivent être pures. 








Les enfants font partie des cortèges, peuvent être rasés ou porter pot de lait ou petit kavadi, mais je n’en ai vu aucun « percé ».








Le point final du pèlerinage est la grotte sacrée, perchée en haut de 272 marches qu’il faut gravir sous le soleil. C’est là que se font les offrandes. Auparavant, le fidèle se lave dans la rivière, optionnellement se rase les cheveux et enduit son crâne d’un mélange désinfectant à base de curcuma, puis étale de la cendre sur son front. A force de musiques rythmées par des tambours, de danses tournoyantes et entêtantes, et de « cigares » « améliorés », un état de transe s’empare des pénitents. Le corps devient léger, les mouvements incontrôlables, le subconscient prend le dessus. Les divers piercings sont alors exécutés sans douleur pour le pénitent, « protégé » par son état de transe. Amis et famille l’accompagnent et le guident jusqu’aux marches.










Ce pélerinage se prépare plus d’un mois à l’avance : ceux qui décident de porter un kavadi doivent faire abstinence sur le plan alimentaire et sexuel. Fumer et boire de l’alcool durant cette période est prohibé. Les hommes arrêtent de se raser. On dort à même le sol, sans oreiller, et on se réveille avant le lever du soleil pour méditer et chanter.


Sur place, le challenge physique et mental est de taille. Mais rien n’est imposé. En effet, les pénitentiaires ont le choix : ils ne sont pas obligés de se percer la peau avec des crochets, et peuvent se « contenter » de porter le pot de lait, symbole de fertilité et d’abondance selon la croyance hindoue. L’important est d’apprécier  ce temps : c’est une forme de sacrifice, mais chacun doit le faire avec plaisir. De nombreux hindouistes considèrent la fête de Thaipusam comme l’expression de la loyauté et de l’allégeance du peuple envers les dieux. C’est la manifestation d’un remerciement pour toutes les prières que Murugan a exaucées.


Malgré ce que l’on peut imaginer, ce rassemblement coloré est emprunt d’hospitalité et de chaleur humaine : les touristes sont les bienvenus et font partie du décor. Voir prier, danser, délirer ces Indiens est très impressionnant, mais on ne se sent jamais mal à l’aise car les participants restent concentrés sur leur tâche et souriants.




Seule ombre au tableau : l'état dans lequel se trouve le site ! Les détritus jonchent les rues, on marche dans les immondices ... Même les singes ont déserté les lieux, sans doute affolés par la foule et le bruit !
Je suis retournée sur place 10 jours plus tard avec Sabrina : ce n'était toujours pas nettoyé ...



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